[FINI] Retrouvailles - PV Hadence & Circurse

 Humez l'air. Prenez une grande bouffée de ce qui s'apparente à de l'oxygène. Que ressentez vous en premier ? Est-ce des odeurs désagréables à votre nez fin habitué à la bourgeoisie dans laquelle vous avez toujours vécu ou alors la pauvreté, l'ambiance pesante et la misère ? Si vous optez pour la seconde solution alors félicitation, vous voilà arrivés à Acedia.

Hadence avançait dans les rues de la ville à grands pas, désireux de mener à bien sa mission. Il jetait un œil à droite et à gauche et tout ce qu'il voyait le répugnait. Des habitations fortuites faites de linges, de tôles ou de bois regroupant des individus qu'il serait bon d'éliminer. Ce ne sont que des parasites incapables de se prendre en main et faisant office de déchets aux yeux du monde. Ils attendent seulement que la mort leur tombe dessus, alors pourquoi ne pas accélérer cela ?
Mais il n'était pas venu pour cela. Il recherchait un homme, un voleur qui sévissait à Ecarlatryon depuis quelques temps. De ce qu'il savait, il avait élu domicile à Acedia pensant probablement qu'il serait en sécurité au milieu d'autres pourritures dans son genre. Cruelle erreur.

Le tueur de démons plaça son bras devant lui et un aigle noir vint se poser dessus. Il le caressa du dos de la main et murmura quelques mots auxquels le rapace répondit par une majestueuse envolée dans le ciel noir de la ville. Hadence continua sa route, il savait où aller en premier et sa route était toute tracée. Il passa devant un majestueux manoir qui attira son attention. Selon les légendes urbaines, d'étranges expériences y étaient menées. Promis, il irait y faire un tour un jour.

Nous voici arrivés devant une vieille boutique d'antiquité. Insalubre comme tout le reste de la ville, elle ne faisait pas fureur grâce à sa devanture. Si l'on ne remarquait pas le petit écriteau indiquant le nom de l'établissement, personne ne se douterait de sa présence. Un peu comme si le fait de rester discret était une caractéristique de la maison.
Le mage de glace ouvrit la porte violemment, faisant trembler les murs poussiéreux. Il planta tout de suite son regard froid sur le gérant assez âgé faisant fi des clients présents et sauta par dessus le présentoir. La température ambiante venait de chuter brutalement et cette impression fut renforcée par le fait qu'Hadence venait d’attraper à la gorge le vieil homme en le plaquant au mur. Il approcha sa bouche de son oreille et murmura de sa voix glaciale :

- Je ne veux ni pleurnicheries ni futilités. Ton âge te pousse vers la mort petit à petit et cela serait assez stupide que j'abrège cela. Je suis au courant pour tes trafics et j'ai besoin d'informations sur celui qui te livre. Prêt à coopérer ?


 

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RETROUVAILLES.
» feat. Hadence.

Il ne semblait pas répondre, la pluie commençait déjà à toquer à la porte du marchand déjà décédé. Circurse fixait Hadence dans les yeux comme pour le dévorer alors que plusieurs souvenirs lui revenaient en tête. Son ami le nécromancien aimerait peut-être ce spécimen au corps résistant pour ses oeuvres ? Ce serait véritablement une merveilleuse idée. Mais c’était peine perdue, la gerboise savait que son camarade aux cheveux d’argent pratiquait la magie, ça se sentait.
Elle n’avait qu’à le tuer. Guidée par ses buts, par ses envies, elle devait tuer cet être qui possédait une magie capable de pourfendre les êtres démoniaques. Si elle voulait qu’il trépasse, elle pouvait le tuer sur le champ, avec une bonne dose d’acide. Mais elle ne devait pas se faire remarquer. L’homme au corps d’apollon semblait irrité sur le coup et s’en alla pour rejoindre la rue pavée triste extérieure. Miss Blackwood en décida autrement.

« Tu sais petit, j’aimerai beaucoup un trophée de ton calibre sur mon étagère. »

D’un pas de velours elle sauta sur un meuble pour retirer l’épée du fourreau du jeune homme, une longue épée à la lame aiguisée à la perfection. Une épée que Ciri pourrait emporter chez elle, précieusement, un véritable trophée de la mort de celui qu’elle surveillait depuis tant d’années. La masse de muscle se retourna comme pour la réprimander mais elle ne lui laissa pas le temps et perça sa peau de glace pour traverser ses côtes, son coeur et son poumon, pour ressortir de l’autre côté. La figure autrefois figée du mage devint bien plus surprise, mourir par sa propre épée ne devait peut-être pas le réjouir.

« J’espère que ça ne te dérange pas que je te l’emprunte, après tout, tu n’en aura pas besoin là où tu vas. »

L’humain posa sa main sur l’épaule de la démone qui tenait encore l’épée, et une couche de givre refroidit son bras jusqu’à sa joue gauche. Ils échangèrent un long moment ce regard que deux âmes soeurs pourraient avoir, que deux ennemis jurés auraient pour se dire au revoir, que deux semblables lanceraient pour un dernier salut. C’était indescriptible, seules ces deux silhouettes partageaient leurs derniers instants ensemble. Jusqu’à que les yeux d’Hadence se baissent, se floutent, se ferment pour dire que son âme était partie rejoindre les siens. Circurse retira la lame lentement et essuya le sang, privant son ancien propriétaire de son fourreau.
Elle le plaça dans son Kansô et porta le cadavre sur son épaule, sortant du magasin. Elle siffla pour appeler Ahmès et déposa le corps sur ses bois, Ernest ne comprenait pas, il demanda à Ciri ce qu’il s’était passé.

« Ne pose pas de questions Ernest, c’était un humain. Je l’ai trop longtemps laissé fuir. Ce qui est fait, est fait.
- Pourquoi tu ne demanderai pas à…
- Silence. Je ne vais pas l’embêter pour un futile objet. »

Elle fit avancer son animal de compagnie dont le pelage prenait plaisir à se teindre d’un rose sale, les pleurs du ciel salissaient cette belle fourrure à laquelle Ciri accordait souvent de l’importance. Ils se dirigèrent vers la rivière sale plus loin. La brune sortit de sa dimension un grand drap qui servait d’habitude de tapis de sol pour Ernest lors de grandes escapades, elle enveloppa le corps de cet humain dans ce dernier. Si elle venait juste de le tuer peut-être était-ce parce qu’il était temps de le faire, elle se demandait aussi pourquoi tant d’années avaient été nécessaires.
Finalement il se pouvait que notre dame sans réel coeur se soit attaché à ce coeur de glace, pour porter de l’attention à sa mort. A genoux au bord de l’eau, le lourd corps en mains, elle déposa un baiser sur ce qui devait être les lèvres du mort, et le posa dans l’eau pour qu’il se fasse emporter. Pendant une minute le silence se faisait présent, le vent giflait les joues de Ciri avec la pluie perçante. Ernest descendit du ceranc pour prendre la main de sa tutrice.

« Ciri, je peux… te demander quelque chose ?
- … Oui ?
- Pourquoi l’avoir embrassé ? Il est… mort.
- Je ne sais pas. Il parait que quand un humain porte de l’importance à un autre il se doit de l’embrasser une dernière fois avant sa mort. Je ne l’ai pas fait, alors je me suis dis que le faire après pourrait… cela pourrait lui permettre de reposer en paix. Je deviens guimauve là, non ?
- Euh, peut-être. Mais c’est pas grave. Disons que c’est parce qu’il méritait ton attention.
- Oui. Partons maintenant nous n’avons plus rien à faire ici. »

Elle grimpa sur le dos de son fidèle destrier, faisant monter son sbire avec elle puis lui fit prendre la direction Sud. Ils allaient passer par la vallée du Cocyte pour rentrer à Asvan. Sur le chemin, elle admirait la finesse de la lame volée, elle ressentait encore la fraîcheur qui l’animait, qui faisait d’elle ce qu’elle était. Circurse n’était pas triste, n’avait pas de regret. Tuer un humain n’avait rien d’extraordinaire à ses yeux, elle avait l’habitude depuis le jour où elle avait mit les pieds sur la terre ferme. Peut-être qu’au fond, elle y tenait à cet humain.